Projet universitaire, texte 1
(Projet universitaire session hiver 2016
En 2016, j’ai reçu une demande de collaboration pour un projet universitaire. En fait, il s’agissait de donner une liste de sujets à des étudiants afin que ceux-ci rédigent un billet, une chronique, pour alimenter mon blogue. Quelle belle idée! Avec grand plaisir, j’ai donc de mon côté cherché des difficultés linguistiques, des erreurs souvent vues, qui pourraient faire l’objet d’une étude, et j’ai rédigé pour les étudiants un petit texte pour présenter chaque cas. Je remercie sincèrement Anne Fonteneau, professeure à l’Université Laval, d’avoir pensé à moi pour ce travail de fin de session présenté dans le cadre du cours Synthèse de documents, du programme de Rédaction professionnelle.)
Enfant prodige ou enfant prodigue : comment les différencier?
par Maryse Gagnon
Qui n’a jamais hésité entre deux mots qui semblent très similaires, mais qui, en réalité, ont des sens complètement différents? La langue française regorge de phénomènes linguistiques qui peuvent mener à des erreurs simples à éviter, mais que l’on rencontre couramment. Parmi ces erreurs, on trouve les paronymes. À ne pas confondre avec les homonymes (mots qui se prononcent de la même façon, mais qui ont des sens différents), les paronymes sont des mots qui provoquent des risques de confusion par les usagers parce qu’ils présentent des ressemblances entre leur prononciation et leur forme.
Prenons l’exemple de prodige et prodigue. Ces deux mots sont souvent confondus dans l’usage bien que la signification et l’étymologie de chacun d’eux ne présentent aucun lien en commun. Prodige est un nom masculin qui désigne soit un évènement ou un acte extraordinaire souvent considéré comme surnaturel ou miraculeux, soit, par métonymie, une personne extraordinaire par ses talents. Par exemple : les prodiges d’un médicament ou un joueur prodige. Prodigue est essentiellement un adjectif qui signifie « qui fait des dépenses excessives, qui dilapide son bien » et il peut aussi être utilisé comme nom dans le sens de dilapidateur. Par exemple : un ministre prodigue dépense les fonds publics.
Nous pouvons aisément distinguer ces paronymes en observant les mots issus de la même famille lexicale. L’association de paronymes avec les mots de leur famille permet souvent de les différencier lorsque la signification de ces mots est connue. Pour notre exemple, l’adjectif de prodige est prodigieux et l’adverbe, prodigieusement. L’usage de cet adjectif et de cet adverbe est assez fréquent et leur signification ne pose pas de problème. L’adjectif prodigue est apparenté avec le verbe prodiguer qui est, lui aussi, plutôt courant dans l’usage.
En plus de présenter une forme similaire, les paronymes prodige et prodigue composent les locutions enfant prodige « qui possède de façon précoce un talent extraordinaire » et enfant prodigue : expression qui réfère initialement à une parabole biblique et qui, aujourd’hui, fait allusion à l’enfant qui revient chez ses parents après avoir quitté le nid familial depuis un certain temps.
Il est important de distinguer la différence entre les mots prodige et prodigue; l’un est mélioratif, l’autre péjoratif. S’ils sont inversés, ils pourraient provoquer des réactions…. prodigieuses!